Plus jamais ça, construisons ensemble le jour d’après - Tribune des syndicats FSU de l'Université Grenoble Alpes, 28 avril 2020

Publié le : 28/04/2020

 

Tribune de la FSU de l'Université Grenoble Alpes (SNESUP-FSU, SNASUB-FSU, SNCS-FSU, SNEP-FSU)

28 avril 2020

 

Plus jamais ça, construisons ensemble le jour d'après

 

 

 

Même si le déconfinement n'est pas pour tout de suite et que la crise sanitaire est loin d'être derrière nous, nous appelons les personnels de l'UGA à rester mobilisés, pour que Le jour d'après ne ressemble (effectivement) pas au jour d'avant.

Nous relayons la tribune "Plus jamais ça" (suivre le lien ici)

    et nous appelons à signer la pétition: https://fsu.fr/petition-plus-jamais-ca-construisons-ensemble-le-jour-dapres-2/

 

Avec le coronavirus, on paie 40 ans de politiques libérales !

 

Depuis bientôt 2 ans, les personnels hospitaliers se mobilisent pour défendre leurs conditions de travail. Ils revendiquent plus de moyens humains et financiers et ont pour seule réponse le mépris du gouvernement. La crise du coronavirus montre tristement que les politiques publiques menées visent plus à faire des économies dans une logique libérale de guerre économique qu'à faire fonctionner des services publics.

La pénurie de masques, de blouses et de tout matériel de protection est le résultat de l'idéologie économique des « flux tendus ». Il ne faut aucun stock, car gérer un stock coûte. Là aussi, bien que cette politique soit dénoncée depuis longtemps car elle provoque beaucoup de stress chez les salariés, elle montre également son inefficacité en cas de crise.

Par ailleurs, les politiques en place favorisent la destruction de l'environnement : déforestation, déséquilibre des écosystèmes, réchauffement climatique, développement de nouvelles maladies. La santé et la biodiversité sont sacrifiés sur l'autel des profits (voir l'article "Lois environnementales: le Medef prit la main dans le lobbying"). Les incendies cet hiver en Australie et le Covid-19 maintenant en sont, parmi tant d'autres, la dramatique illustration. Là encore, les politiques non seulement provoquent ces catastrophes, mais sont sourdes aux mobilisations telles que les marches pour le climat qui avaient lieu, ne l'oublions pas, tous les vendredis jusqu'au confinement et qui seraient plus que jamais nécessaires aujourd'hui.

 

Dès que les conditions sanitaires le permettront, tous et toutes dans la rue ! Défendre nos droits !

Naomi Klein l'a démontré dans son livre « La Stratégie du choc », les gouvernements libéraux profitent de l'état de sidération des populations en cas de catastrophes écologiques ou sanitaires pour faire passer des lois ou des réformes qui ne seraient pas passées sinon (voir aussi l'interview de Naomi Klein ici).

Emmanuel Macron, Edouard Philippe, Jean-Michel Blanquer et les autres membres du gouvernement ne feront, on peut le craindre, pas exception à cette démonstration. Ils profitent d'ailleurs déjà de la crise pour ré-autoriser l'épandage de produits phyto-sanitaires à proximité des habitations (voir les articles de Reporterre). De même, nous avons toutes les raisons de nous inquiéter lorsque nous entendons que le plan hôpital post crise prévoit de privatiser encore plus les hôpitaux publics. Le cynisme va même jusqu'à faire des appels aux dons pour financer les hôpitaux plutôt que de rétablir l'ISF. Les services publics n'ont pas à être financés par le don, mais par des impôts justement répartis sur l'ensemble de la population. Le gouvernement profite aussi du confinement pour remettre en cause les 35h, le droit à congés et le code du travail. L'inspection du travail est mise sur la touche comme le montrent les articles sur Médiapart, notamment. Quant au MEDEF, il soutient la nationalisation des entreprises en difficulté le temps qu'elles retrouvent leur vitalité. La population va payer leurs pertes, mais ne verra jamais la couleur de leurs profits !

Coté éducation, le discours sur la pseudo « continuité pédagogique » pourrait permettre au gouvernement de pousser à développer massivement les cours en ligne pour pouvoir ensuite supprimer des postes et baisser les moyens de l'enseignement public.

Cette crise est également l'occasion de nous familiariser avec l'idée d'une surveillance généralisée de la population à travers l'application StopCovid et la perspective d'un état d'urgence permanent (voir l'article: "Biosurveillance: sortir de la prison molle de nos intérieurs" et la tribune: "Stopcovid : une application inefficace et menaçante pour la démocratie").

 

Pourtant, les salariés ne doivent pas payer cette crise !

Dès que les conditions sanitaires le permettront, on redescend dans la rue pour défendre nos acquis sociaux.

Non seulement on continue de se mobiliser contre la réforme des retraites et la LPPR, mais on se bat pour ne pas qu'on détricote les droits et le code du travail (comme l'envisageait déjà la président du Medef, voir ici).

On se bat pour défendre la fonction publique et le statut de fonctionnaire qui nous protège. Attaquer d'abord le code du travail, c'est un moyen pour attaquer plus tard les droits des fonctionnaires sous prétexte d'harmonisation et d'égalité.

On est pour l'égalité, mais par le haut !

 

On arrête tout et on imagine un autre monde !

Cette crise est aussi l'occasion pour nous tous de faire un pas de côté, de lire et de réfléchir. Elle permet de se rendre compte que les emplois qui assurent les services de 1ère nécessité sont les emplois les plus mal payés et les plus méprisés. Il faut revaloriser leurs salaires ! Il faut aussi mettre en place un plan d'investissement massif dans les services publics et la création de postes à hauteur des besoins.

Le confinement nous donne l'occasion de réfléchir à ce qui est socialement utile et ce qui ne l'est pas, de façon à imaginer comment partager réellement le travail, afin de travailler tou-te-s, mais moins et dans de meilleures conditions. Cette crise est l'occasion de remettre en cause l'idéologie du "new public management", de la gestion sur projet et de l'évaluation qui sont une des causes des burn out. Surchauffe individuelle et surchauffe collective : le confinement rend concret le lien entre la pollution et les activités humaines. Il faut à tout prix trouver une solution pour moins produire et moins travailler pour protéger l'environnement ; pour imaginer un autre fonctionnement de la chaîne de l'alimentation ; pour inventer un système où, comme le propose Bernard Friot, une partie des agriculteurs seraient fonctionnarisés afin de leur assurer un revenu décent et leur permettre de travailler correctement en produisant des produits de qualité tout en mettant fin à la monoculture. Les débouchés de ces agriculteurs pourraient être les collectivités publiques, mais également une chaîne de super marchés publics dans lesquels on trouverait des produits de première nécessité à des prix décents.

Enfin, dans notre vie d'enseignants, de chercheurs, d'ingénieurs, techniciens et administratifs, c'est à dire d'acteurs "piliers" de l'enseignement supérieur et de l'université, cette crise redonne la place centrale à la base de nos métiers : chercher librement, sans a priori et sans injonction, transmettre des savoirs, construire des équipes solidaires et passionnées, réinventer une université et une recherche moins frénétiques et plus ouvertes et solidaires.