Aujourd’hui, pour devenir professeur, il faut obtenir un diplôme de master (Bac +5 tout en effectuant un stage en totale responsabilité de classe, à mi-temps voire à plein temps). Ce qu’on demande aux professeurs en formation, c’est donc d’être immédiatement opérationnels, de mobiliser des compétences d’enseignants expérimentés alors même qu’ils se forment pour comprendre les enjeux et la complexité du métier. Dans ces conditions, ils sont surchargés, ils manquent de temps pour préparer, concevoir, réfléchir correctement.
Oui, alors que la crise de recrutement s’aggrave d’année en année, il est vraiment urgent d’améliorer la formation des enseignants. Cela doit passer par des modifications structurelles : pour que la première année de master ne soit pas seulement occupée à la préparation des concours, pour que l’entrée en responsabilité soit vraiment progressive, pour que la formation ne se réduise pas à une adaptation immédiate à l’emploi, pour que les futurs enseignants ne soient pas mis dans l’urgence de faire la classe sans le recul de l’analyse nécessaire...
Dans ce contexte, le ministère de l’Éducation nationale veut imposer sa réforme de la formation
➜ Mise en responsabilité possible des assistants d'éducation en tant qu'enseignants ;
➜ Un volume de stage en responsabilité trop important au détriment des heures de formation universitaires ;
➜ Cadrage des contenus du master MEEF réduit et contenant des injonctions correspondant aux conceptions du ministre (neurosciences…) ;
➜ Arbitrages à venir sur la place du concours, la nature des épreuves et le volume du stage en responsabilité et dans l’état actuel, sans la consultation des représentants des personnels ;
➜ Suppression des ÉSPÉ pour créer des INSPÉ (Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation) ;
➜ Modification du mode de désignation du directeur en dehors du conseil d’école ;
➜ Calibrage des équipes de formateurs et nouvelle attaque sur les personnels de statut 1er et 2d degrés affectés dans les ÉSPÉ.
Ces orientations, accompagnées des suppressions de postes annoncées et de la volonté d’augmenter les recrutements de contractuels non formés, sont inquiétantes et ne résolvent aucun des problèmes actuels.
Lundi 12 novembre 2018, il faut dire non à cette politique de la défiance
Pour être en capacité de relever les défis d’une école ambitieuse et pour faire réussir tous les élèves, il faut des enseignant·es et des CPE bien formé·es. Enseigner assurer la diversité des missions demandées aux enseignants est un métier qui s’apprend et sur plusieurs années. Une formation de qualité, structurée à la fois par la recherche, des enseignements et des stages, nécessite une réorganisation qui tienne compte de l’expertise de l’ensemble des des membres de la communauté éducative.
Il est urgent d’améliorer la formation des enseignant.es et des CPE dans les ÉSPÉ mais dans le respect des règles universitaires, des conditions d’études des étudiant.es et des stagiaires et des conditions de travail des enseignant·es formateurs et des formatrices.
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