12 juin 2020
Université de Strasbourg :
Mobilisation contre la loi de programmation de la recherche
Le comité de mobilisation de l'Université de Strasbourg, qui a combattu activement la loi de programmation pluriannuelle de la recherche avant le confinement, reprend du service. Il dénonce un passage en force du gouvernement et a adressé au président de l'université une lettre ouverte.
Des universitaires, chercheurs et enseignants de Strasbourg ont tenu une conférence de presse vendredi sur le campus de l'Esplanade. Réunis au sein du Comité de mobilisation de l'Université de Strasbourg, et soutenu par plusieurs syndicats (FO, CGT, CNT, Snesup FSU et Snasub FSU, Sud Éducation et SNCS), ils ont rappelé qu'une dizaine de jours avant le début du confinement, un millier de personnels et étudiants de l'éducation supérieure et de la recherche avait manifesté à Strasbourg contre la loi pluriannuelle de programmation de la recherche (LPPR) et celle de la réforme des retraites, à l'instar de collègues partout sur le territoire national.
« Au début du confinement, on avait compris qu'il ne serait plus question de parler de cette loi, explique Pascal Maillard, enseignant en lettres et représentant du Snesup-FSU. Mais il y a deux semaines, le gouvernement a mis cette loi à l'ordre du jour des instances nationales. Et a transmis cette LPPR dimanche dernier au Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) avant de leur transmettre il y a deux jours une nouvelle version. » Pour Pascal Maillard, « cette façon de faire démontre un mépris total de la question des délais, mais aussi des organisations syndicales et de l'ensemble de la communauté universitaire » et constitue « un passage en force inadmissible » qui profite des examens de fins d'année qui mobilise toute l'attention et empêche, faute de temps, d'organiser la mobilisation. Une lettre ouverte du Comité de mobilisation de l'université de Strasbourg a été envoyée hier au président Michel Deneken, pour lui demander de répondre à plusieurs interrogations du Comité.
Parmi les dispositions de la loi qui posent problème, il y a la question du financement de la recherche et de l'enseignement. « Ce financement se fera essentiellement au travers d'appels à projets lancés par l'Agence nationale de la recherche, explique François Bonnarel, ingénieur de recherche CNRS et responsable CGT recherche à Strasbourg. Et il y a une volonté d'institutionnaliser la précarisation, notamment au travers de tenure-track. »
• Des contrats précaires
Le tenure-track ou titularisation conditionnelle vient des États-Unis. L'adaptation française consiste à proposer à un chercheur d'excellence, français ou étranger, un contrat de six ans maximum au terme duquel une commission ad hoc décidera s'il peut être titularisé ou pas en tant que professeur ou directeur de recherche. Un quart des enseignants et des chercheurs pourraient ainsi se voir proposer une titularisation conditionnelle. « Pour les ingénieurs et les techniciens, poursuit François Bonnarel, l'idée est de les faire travailler sur des contrats de mission calqués sur ceux du Bâtiment ou du privé. Ces contrats ne pourront pas excéder six ans et seront soumis à la durée d'un projet. Or, ce nous demandons, c'est le contraire : c'est de faire reposer l'essentiel des forces humaines sur des postes permanents. »
CONSULTEZ LA LETTRE OUVERTE A MICHEL DENEKEN, PRESIDENT DE L'UNIVERSITE DE STRASBOURG