Lettre des enseignant·es MEEF 1er degré de l'INSPE de Créteil sur l'alternance

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Publié le : 15/09/2020

Créteil, le 7 juin 2020

Madame la directrice de l’INSPE,

Madame la présidente du conseil de l’INSPE,

Monsieur le responsable du master MEEF1,

Mesdames et messieurs les responsables de site,

Monsieur le Recteur,

 

Nous sommes de plus en plus insatisfaits devant le dispositif des M1 alternance. Nombre d’entre nous refusent d’ailleurs pour cette raison de participer aujourd’hui à l’examen des dossiers de sélection. Nous attendons qu’une vraie remise à plat, associant les formateurs, ait lieu. Sans être nécessairement opposés au principe de formation en alternance, nous posons en effet comme condition qu’il s’agisse d’une vraie formation, ce qui n’est aujourd’hui pas le cas.

La mise en œuvre du dispositif d’alternance dans l’académie de Créteil est critiquée par les formateurs et les élus depuis des années ; par le passé, des groupes d’étudiants ont fait des propositions constructives qui n’ont jamais été prises en compte. Le dispositif, loin de s’améliorer, se dégrade année après année alors que le nombre d’étudiants concernés augmente, ouvrant la voie à une utilisation massive des étudiants comme moyens d’enseignement. Lors de la dernière journée académique, la maltraitance, la fonction « bouche trou » jouée par les étudiants, ont été dénoncées. Les réponses apportées à nos élus, notamment lors du dernier conseil de l’INSPE (faire examiner les problèmes par le COSPE en vue de trouver des « solutions ») sont insuffisantes. Le problème, en effet, est bien plus vaste :

– la progressivité du stage est insuffisante. Les étudiants sont trop vite utilisés comme moyens de remplacement, sans avoir reçu le temps de formation nécessaire pour réellement mettre en œuvre des contenus d’enseignement : une trentaine d’heures de formation seulement avant la mise en responsabilité dans la plupart des cas ! Un format de stage plus équilibré entre observation, pratique accompagnée et mise en responsabilité progressive serait plus conforme aux exigences d’une formation à un métier qualifié.

– Les affectations sont inadaptées et sans visée formative : remplacement contractuel, REP, T1 en difficulté… l’exploration des 3 cycles initiée au départ a été remplacée par une logique bouche trou pour pallier les besoins du terrain. Les étudiants font des remplacements au pied levé à des niveaux qu’ils ne connaissent pas toujours et sans disposer du temps nécessaire pour se préparer.

– Enfin le nombre de groupes a quasi doublé depuis l’origine, sans aucune évaluation sérieuse préalable.

Ces conditions de formation provoquent l’épuisement et la souffrance des étudiants qui doivent mener de front un stage anxiogène, une année de master et la préparation au concours. Elles donnent aux étudiants une représentation fausse du métier d’enseignement, trop souvent réduite au « gérer la classe » sans conscience du bagage nécessaire pour susciter de réels apprentissages. Les conséquences sur les élèves ne font l’objet d’aucune considération.

C’est pourquoi, à l’heure où l’on envisage de développer l’alternance dans les nouveaux masters, nous demandons une remise à plat associant les formateurs et une mise en débat réelle et collégiale de ces questions, afin d’offrir aux étudiants une formation conforme aux exigences de la formation au métier d’enseignant.

Bien cordialement,

41 signataires : enseignant-es MEEF 1er degré, INSPE de l’académie de Créteil – Université Paris Est Créteil