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Publié le : 05/06/2018

Mensuel n°663: Le piège de l’expérimentation

Expérimenter au nom de l’excellence ? Se transformer en start-up ? Voilà la solution que certains universitaires ont choisi pour répondre aux attentes du président de la République et de tous ceux et toutes celles qui s’envisagent comme les maîtres d’un nouveau monde prenant racine sur des valeurs néolibérales désormais érigées en leitmotivs. « Nous n’avons pas le choix si nous ne voulons pas nous retrouver à la traîne du marché de la connaissance et rester compétitifs », clament en chœur les chefs de ce chantier. L’expérimentation introduit ainsi la tension opportune pour faire passer une grossière opération de casse des statuts des personnels et des établissements publics en une adaptation nécessaire à la « compétition internationale » décrétée, entre autres, par le processus de Bologne. Vous voulez un Idex ? Fusionnez, mon ami.e !
Vous souhaitez vous débarrasser de toutes celles et ceux qui nuisent à votre image d’excellence ? Créez une université-cible d’où vous pourrez exclure les recalé.e.s des appels à projets afin que les investisseurs privés ne risquent pas de les croiser au détour d’un couloir. Généraliser l’expérimentation, c’est d’abord généraliser la concurrence en fragilisant au passage tout ce qui nous permet encore de remplir nos missions de service public et tout ce qui faisait vivre la collégialité universitaire dans les établissements. À ce petit jeu délétère, il y aura toujours quelques gagnant.e.s et un grand perdant : le service public.