Le Mans Université :
Communiqué de la FSU du 16 avril 2020
Nous vivons actuellement une époque exceptionnelle pour notre pays et pour le monde entier. C'est une situation que nous subissons toutes et tous et dans laquelle ce sont malheureusement les plus fragiles de nos étudiant·es et des personnels qui se retrouvent dans les situations les plus difficiles. Notre communauté et notre établissement font déjà beaucoup pour garder le contact, réconforter les étudiant·es, mettre en place des aides financières et matérielles. Tous les collègues sont impliqués pour continuer la production et la transmission des savoirs, faire fonctionner les services vitaux (scolarités, réseau informatique, paie...) et à l'instar des étudiant·es, les conditions de travail confinés sont très disparates (maladie, garde d'enfants...).
Dans cette période extrêmement difficile, nous sommes convaincus que les valeurs de fraternité, de bienveillance, de solidarité et d'entraide que nous portons, constituent une réponse, incomplète certes, mais essentielle pour tenter de lutter contre l'angoisse, les souffrances et la maladie. Ces valeurs ne semblent malheureusement pas partagées par ceux qui nous gouvernent eu égard aux ordonnances de ces derniers jours qui mettent à mal le droit du travail et la démocratie sociale. La DGESIP, quant à elle, ne semble pas mesurer la gravité de la situation. L'urgence est de rassurer les étudiant·es sur les décisions prises et éviter un traitement inégalitaire. Les différents sondages et enquêtes réalisés montrent à quel point les inégalités sont grandes face à la situation.
Concernant l'évaluation de nos enseignements, nous nous opposons catégoriquement à toute évaluation tant que les conditions d'égalité et d'équité de traitement de l'ensemble des étudiant·es ne sont pas établies, constatées et garanties. En particulier, nous demandons l'interdiction de tout examen à distance chronométré (épreuve synchrone) dont les conditions d'égalité et de sérénité ne sont absolument pas remplies actuellement et ne le seront pas plus dans les trois prochains mois.
En ce qui concerne les stages, il y a urgence à ce que les instances de l'université et des composantes prennent une décision claire de neutralisation de ces derniers pour les étudiants qui ne seraient pas en possibilité de les effectuer. De très nombreuses entreprises sont actuellement dans l'incertitude sur une éventuelle reprise des stages avec les étudiant·es ou dans l'incapacité de leur fournir une activité en télétravail, alors que c'est la condition requise pour réaliser un stage dans cette période de confinement. Doit-on laisser les étudiant·es rechercher vainement un autre stage ? Doit-on les laisser dans l'incertitude quant à la prise en compte ou non du stage pour la validation de leur année ? Ces interrogations sont génératrices d'angoisse pour les étudiant·es qui craignent pour la reconnaissance de leur diplôme. La période que nous traversons est suffisamment anxiogène, il est donc indispensable de les rassurer au plus vite sur ces questions.
Dans ce contexte,
Au niveau national :
• nous réitérons notre demande d'un plan d'urgence pour l'ESR. Des moyens importants pour la rentrée de septembre sont nécessaires (plan de recrutement massif de titulaires, budget de fonctionnement, moyens spécifiques liés à la gestion de la crise, compensation intégrale du Glissement Vieillesse Technicité) pour remédier aux inégalités qui préexistaient à une crise sanitaire qui les a exacerbés,
• nous affirmons que le recours généralisé aux outils de visioconférence et de travail à distance en cette période de confinement doit rester exceptionnel et ne pas s'installer durablement,
• enfin, le Président de la République a annoncé un "investissement massif" pour la recherche. Il est en effet indispensable et doit être à la hauteur des enjeux révélés par cette crise. Les services publics trop longtemps délaissés montrent leur utilité en temps de crise. Cet investissement doit englober la formation et être fait en direction de toutes les universités et des organismes de recherche et non pas au profit de grands groupes industriels par le biais du Crédit Impôt Recherche ou d'appels à projets sous couvert de soutien à l'économie.
Au niveau local, nous demandons :
• l'interdiction des examens à distance en temps limité,
• la sanctuarisation des mois de juillet et août pour que les étudiants salariés puissent travailler quitte à reporter la seconde session au mois de septembre,
• une clarification concernant la question des stages pour ne pas pénaliser les étudiants. Cela peut aller de la neutralisation du stage pour certains à une flexibilité concernant les dates de délibération permettant des soutenances au fil de l'eau après la fin septembre,
• que, pour chaque formation, un calendrier précis soit communiqué aux étudiants: types d'épreuve envisagées (devoir maison sur une semaine, une journée...), règles de calcul, calendrier précis centralisé par le responsable de formation,
• que les modules qui ne peuvent pas être évalués décemment soient neutralisés. Cela est aussi valable pour le semestre dans son ensemble si le nombre de modules évalués s'avère trop faible (Absence Justifiée ou ABJ). Cela reste à la discrétion du jury, tout comme l'attribution de points à l'année.
Pour conclure, nous souhaitons rappeler que la recherche scientifique et l'enseignement supérieur sont des services publics et qu'ils doivent rester indépendants. Dès lors qu'ils perdent cette indépendance, la question de leur dévoiement est posée.
Si vous souhaitez aborder un sujet, avez des questions, n'hésitez pas à nous contacter : [email protected]
La section FSU de l'université du Maine