Communiqué de la section SNESUP-FSU de l'Université de Picardie Jules Verne
4 juin 2020
L'abus du distanciel nuit gravement à notre métier et à l'université
Dans le contexte de crise sanitaire qui peut se prolonger, l'enseignement en distanciel est envisageable pour assurer la continuité du service public d'enseignement supérieur quand les directives liées à ladite crise empêchent le présentiel (même si le distanciel relève davantage de la rupture pédagogique que de sa continuité...).
Cependant, le Snesup-FSU se doit de souligner les dangers du distanciel, qui doit rester une mesure d'exception. La crise sanitaire actuelle ne doit en aucun cas être un prétexte à sa généralisation ou à sa pérennisation. Dès Septembre, les enseignements présentiels doivent être privilégiés par tous les moyens envisageables (avec toutes les précautions nécessaires), y compris la multiplication des heures d'enseignement et le recrutement de personnels pour la désinfection des locaux. En effet l'enseignement à distance pose selon nous de graves problèmes :
-la qualité pédagogique des cours à distance est clairement moindre que celle des enseignements présentiels. Il est évident que le niveau d'assimilation et la compréhension des étudiants ne sont pas les mêmes quand ils assistent à un "vrai" cours interactif et quand ils regardent une vidéo ou lisent un powerpoint.
-les cours à distance réduisent la vie sociale des étudiants et les échanges qu'ils peuvent avoir entre eux et avec leurs enseignants, qui contribuent à leur formation et à leur émancipation.
-le distanciel est une source supplémentaire d'inégalités entre les étudiants. En effet ceux-ci, selon qu'ils sont plus ou moins (ou pas du tout !) connectés, n'auront pas le même accès à la formation, alors qu'ils sont tous dans les mêmes conditions lorsqu'ils assistent à un cours en présentiel.
-les examens en distanciel sont à proscrire. L'Université se discrédite en les utilisant pour délivrer des diplômes, puisqu'on n'a aucun contrôle sur l'aide reçue pendant l'épreuve par les candidats, ni même sur l'identité réelle de l'auteur d'une copie numérique ou des réponses à un QCM...
-compte tenu que nos gouvernants libéraux ont l'obsession de la réduction des dépenses publiques, le distanciel présente à terme un risque majeur de suppression massive d'heures de services (et donc de postes) au profit des supports mis en ligne par les collègues, ou (encore pire !) au profit de plateformes privées.
Nous lançons donc une alerte à nos collègues enseignants et à la direction de l'UPJV : attention, l'abus du distanciel nuit gravement à notre métier et à l'Université !
Aussi, à propos du distanciel nous formulons un certain nombre de demandes :
-l'UPJV doit plus que jamais garantir à chaque enseignant sa liberté pédagogique d'utiliser les outils et méthodes qu'il souhaite. Dans certaines composantes, on a pu constater un chantage au paiement des heures de service si l'enseignant ne déposait pas ses cours sur la plateforme voulue par la direction.
-les enseignants doivent pouvoir bénéficier d'une formation à l'enseignement distanciel synchrone (visioconférence) et asynchrone (enseignement décalé dans le temps avec échanges de données), et les besoins en formation doivent être évalués pour chaque composante.
-les enseignements en distanciel demandent plus de temps que ceux en présentiel, ce qui doit être reconnu lors du calcul des heures de service.
-les collègues ont "bricolé" comme ils pouvaient pour finir les 4 semaines d'enseignements de 2019-2020, en utilisant des outils souvent gratuits mais ne présentant aucune sécurité des données échangées. Si on envisage un recours à l'enseignement distanciel pour la rentrée de Septembre 2020, alors l'UPJV doit pouvoir proposer des outils dédiés à la formation (création de cours, d'exercices) favorisant la réflexion et l'esprit critique, à la fois simples d'emploi et sécurisés.
-l'UPJV doit fournir aux enseignants et aux étudiants qui le demandent le matériel informatique (ordinateurs, logiciels, ...) nécessaire à leur travail en distanciel. Elle doit aussi prendre en charge une partie conséquente de l'abonnement à internet au domicile.
Le bureau de la section Snesup-FSU de l'UPJV