La STRAtégie Nationale pour l'Enseignement Supérieur: Contribution du SNESUP-FSU

Publié le : 19/10/2016

Une analyse et des objectifs chiffrés intéressants, mais des prises de positions dangereuses et des moyens très en deçà des besoins
 

Inscrite dans la loi pour l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) du 22 juillet 2013, la stratégie nationale de l'enseignement supérieur (StraNES) affiche la double ambition de définir les objectifs nationaux à l'horizon des 10 prochaines années et de proposer les moyens d’y répondre.

Le SNESUP-FSU a pris connaissance des objectifs de la StraNES, mais il rappelle que ceux-ci s’inscrivent dans les politiques successives de déstructuration de l’ESR fondées notamment sur la marchandisation des savoirs, la mise en concurrence des personnels, des formations et des structures de recherche ou encore sur le désengagement financier de l’État. Cela se traduit par l’absence criante de moyens pour réaliser ces objectifs, que le SNESUP-FSU dénonce vivement.

Toutefois, le SNESUP-FSU partage une part des objectifs de la StraNES mais critique donc avec force une partie des modalités envisagées pour les atteindre et l’absence des moyens pour y parvenir.

 

  • « Diplômer 60% d’une classe d’âge en 2025 », c’est favoriser l’accès à l’emploi qualifié et rattraper le retard de la France par rapport aux autres pays développés. Cela signifie accueillir 500 000 étudiant.e.s supplémentaires dont 450 000 en formation initiale à l’horizon 2025, ce qui représente une augmentation annuelle de 45 000 étudiant.e.s par rentrée universitaire. À 13 000€ par étudiant.e, cela nécessite une croissance annuelle du budget de 585 M€ sur 10 ans
  • Démocratiser l’accès et la réussite à l’enseignement supérieur en diminuant les inégalités et les déterminismes sociaux nécessite le développement de cursus avec des pédagogies, des parcours et des contenus diversifiés en lien avec la recherche. Cela implique aussi d’augmenter le nombre et le niveau des aides aux étudiant.e.s (allocations d’étude pour toutes et tous, bourses dans l’attente, …). À titre d’exemple, il faudrait 50 000 bourses échelon 7 supplémentaires par an pour atteindre 500 000 bourses supplémentaires dans 10 ans (50% d’étudiant.e.s boursier.e.s soit 1 500 000). Cela nécessite une croissance annuelle du programme Vie étudiante de 250M€ ainsi qu’une amélioration des conditions de vie (pas de travail pour subvenir aux besoins, logement, transport, …)
  • « Former [et diplômer] 20 000 docteurs par an » est une nécessité pour répondre aux défis sociaux, sanitaires, économiques, culturels, politiques et environnementaux de la société du XXIème siècle. L’insertion des docteur.e.s, hors ESR, implique la reconnaissance du doctorat dans les 3 fonctions publiques et les conventions collectives. Les besoins en créations d’emplois (chercheur.e.s, enseignant.e.s-chercheur.e.s et ingénieur.e.s d’étude et de recherche) pour faire face au déficit d’encadrement actuel s’élèvent à 30 000 sur 10 ans (180M€/an soit à 10 ans 1,8 Mrd€). Cela implique l’extension des formations par et pour la recherche et les financements des études doctorales. Atteindre 10 000 contrats doctoraux par an nécessite une croissance du budget de 150M€ par an pendant 6 ans
  • Former les enseignant.e.s du supérieur à l'enseignement est d’autant plus nécessaire que le métier évolue (diversité des publics accueillis, variété des missions, évolution des technologies). La revalorisation du métier passe par la formation, l’amélioration des carrières et des salaires (500M€/an soit 10 ans 5 Mrd€) ainsi que par la résorption de la précarité. Titulariser les 70 000 précaires dans les laboratoires et services représente 80M€/an, augmenter les salaires et revaloriser les carrières 500M€/an.