Communiqué de la section SNESUP-FSU de l'université de La Rochelle
Le 26 octobre 2017
Les réponses sur les deux volets de l'appel à projets du PIA3 (Plan d'Investissement d'Avenir) sont désormais connues :
- sur le 1er volet « nouveaux cursus universitaires », le jury a octroyé à l'Université de La Rochelle (ULR) 5 597 000€ pour une durée de 10 ans sur un projet initialement budgété à 10 M€ et relatif à un financement de pratiques déjà en cours (Projet Professionnel Personnalisé, Master Cursus Master en Ingéniérie, nouveaux parcours licence, pédagogie différenciée...)
- sur le 2nd consacré au « changement de cap » de notre université (Sud-Ouest, 25 septembre 2017), le jury n'a pas retenu le projet de l'ULR. Seuls 29 projets portés par 20 universités ou écoles sur 191 examinés ont été sélectionnés ; et en même temps seuls trois projets concernent des universités de taille moyenne (Université de Pau et des Pays de l'Adour, Université de Bretagne Occidentale et Université du Maine), mais aucun n'émanant d'une petite université. Les projets sélectionnés ne concernent donc que des grosses universités, 13 vont conforter des LABEX et plusieurs intègrent les Sciences Humaines et Sociales (SHS).
Même si nous déplorons l'absence de cette manne financière qui aurait été affectée à la recherche - ce qui n'est pas véritablement une surprise pour la plupart des enseignants-chercheurs de l'établissement - nous ne regrettons pas le choix politique qui le conditionnait. On peut en effet s'interroger sur la mise en place d'une École Universitaire de Recherche, dont le fonctionnement importé du modèle des graduate school anglo-saxonne, aurait eu pour conséquence une liberté tarifaire et de fait, l'augmentation des frais d'inscription, l'instauration de quotas induisant une sélection de nature à fragiliser les formations traditionnelles.
En outre, le financement par appels à projets stigmatise les non lauréats, valorise les sélectionnés, sans que la qualité du choix ne soit avérée.
Il est désormais certain que l'accompagnement financier qui devait permettre le projet de restructuration de l'ULR du président Ogier au mois de mars dernier ne nous sera pas attribuée. Et en même temps cette restructuration est en marche, sans moyens supplémentaires, alors même qu'elle suscite des craintes chez de nombreux collègues de plusieurs disciplines (et en particulier des SHS dont un certain nombre a déjà manifesté son hostilité). Le président Ogier, lors de la campagne en vue des élections dans notre université en 2016, avait diagnostiqué notre établissement comme étant « en surchauffe ». Que dire aujourd'hui alors que les conseils d'UFR limitent les inscriptions et que nos effectifs atteignent presque les 9 000 étudiantEs ?
Les jurys du PIA3 nous renvoient donc à notre statut d'université de proximité, obérant nos chances quant à notre capacité à rester une université de plein exercice. Mais le moindre des paradoxes n'est pas que pour obtenir un si faible résultat, l'université ait payé 100 000 euros à un cabinet de consultants, soit le coût annuel pour l'établissement d'un professeur ou de deux maîtres de conférences, au moment où la plupart des postes sont gelés et que l'on procède au recrutement de contractuels !
La restructuration de l'ULR telle que le président Ogier l'a présentée dans son plan média risque bien de mettre en danger la recherche, de diviser les personnels tout en faisant de notre établissement un « collège universitaire » à l'instar de ce que préconisait, dès 2003 Luc Ferry, alors ministre de l'Éducation Nationale, pour qui la taille critique d'une université était de 30 000 étudiants.
En l'état actuel de notre établissement, nous appelons l'équipe présidentielle à convoquer les états généraux de l'ULR afin de débattre collectivement de notre avenir.
Par Christophe Demko