Qu’est-ce qu’un virus ?
Un virus est un assemblage moléculaire qui ne peut se reproduire que parce qu’il pirate les cellules d’un organisme hôte. Ce piratage peut se faire sans que l’organisme hôte s’en aperçoive et il peut même exister un avantage mutuel dans l’interaction hôte-virus (On parle de symbiose).
En général, le virus en piratant les cellules de l’hôte, les détruit et affaiblit l’hôte. Le virus est alors un danger. Au cours de l’évolution, un système de défense s’est progressivement mis en place. Le système immunitaire répond aux signaux de danger constitués par les molécules du virus de deux manières :
- Une réponse non spécifique localisée : la réponse inflammatoire qui se déclenche rapidement (dans les heures qui suivent l’infection) et qui doit naturellement s’éteindre pour être remplacé par
- Une réponse spécifique systémique avec deux aspects :
- Une réponse humorale conduisant à la production d’IGA, IGM et IGG (des anticorps reconnaissant les constituants du virus) et permettant à des cellules spécialisées de le détruire
- Une réponse cellulaire impliquant des cellules du système immunitaire (les cellules T) qui vont détruire les cellules de notre organisme qui ont été piratées par le virus.
Cette réponse spécifique possède une mémoire et nous protège lors d’une réinfection en empêchant le déclenchement d’un processus inflammatoire non contrôlé et dans la plupart des cas, la reproduction du virus dans notre organisme en détruisant les cellules piratées ou le virus circulant dans notre organisme. Le vaccin va diminuer l’apparition des symptômes de la maladie et éventuellement, la réplication du virus et donc sa diffusion dans la population.
Quand le processus inflammatoire n’est pas contrôlé, il peut s’emballer et déclencher des symptômes pathologiques. C’est ce processus inflammatoire dans les poumons qui va conduire aux symptômes de détresse respiratoire et dans les vaisseaux à une coagulation disséminée.
Un vaccin, pourquoi ? comment ?
Le but d’un vaccin est de déclencher une réponse inflammatoire la plus faible possible et la réponse humorale et cellulaire la plus forte possible. Pour ce faire, on injecte un virus modifié à une concentration telle que l’on va avoir la réponse spécifique mais pas la réponse inflammatoire.
On peut utiliser :
- Un virus tué par la chaleur ou par un traitement chimique. Il faut donc fabriquer en grande quantité le virus ce qui n’est pas aisée et vérifier la proportion même faible de virus encore vivant. On ne peut donc en injecter de grandes quantités. Comme le pouvoir immunogène (la capacité à déclencher la réponse immunitaire spécifique) est proportionnel à la quantité de virus injecté, on va ajouter à ce type de vaccin des adjuvants pour amplifier la réponse du système immunitaire. L’optimisation de ces paramètres (quantité de virus à injecter, quantité d’adjuvants) se fait en maximisant le rapport bénéfice/risque, i.e une réponse immunitaire maximale en minimisant les effets secondaires (schématiquement, la réponse inflammatoire et le déclenchement de phénomènes d’auto-immunité),
- Un virus anodin ou rendu anodin qui contient au moins un élément constitutif du virus pathogène induisant la réponse immunitaire. On peut utiliser le virus sars-cov2 que l’on a « atténué » en enlevant l’information génétique lui permettant de se reproduire dans notre organisme ou on utilise des virus « bénins » dans lequel on introduit l’information génétique pour fabriquer des éléments spécifiques de sars-cov2 (pour les vaccins en cours, le plus souvent tout ou partie de la protéine S, une des protéines présente dans l’enveloppe du virus et qui constitue une clef d’entrée du virus dans les cellules de l’organisme hôte). Ces virus sont en général plus simples à produire en grande quantité ce qui permet une meilleure optimisation de la quantité à injecter et des adjuvants utilisés.
- Une protéine recombinante. On fabrique en utilisant un type particulier de cellules, une protéine spécifique du virus sars-cov2, en particulier la protéine S. Le vaccin va être constitué de protéine S purifié que l’on protège en la mettant dans l’équivalent de petits sacs pour qu’elle ne soit pas détruite trop vite et qu’elle puisse entrer dans les cellules pour déclencher à la fois la réponse immunitaire humorale et cellulaire. Avec ce type de vaccin composé de substances pures, on peut injecter plus d’immunogènes et ne pas avoir besoin d’adjuvants.
- Un virus synthétique. Un virus est une bulle contenant une information génétique sous forme d’ADN ou ARN permettant au virus d’entrer dans les cellules (grâce à la bulle) et d’utiliser les fonctions de la cellules hôtes pour se répliquer (grâce à l’information génétique). Un vaccin à ARN est un virus synthétique contenant un morceau d’ARN avec l’information nécessaire pour obliger la cellule hôte à fabriquer la protéine S du virus. Ce morceau d’ARN est contenu dans une bulle de lipides. Cette bulle empêche l’ARN d’être détruit trop vite et permet le passage de la membrane des cellules hôtes pour que l’ARN entre dans la cellule. Pour ne pas déclencher le processus inflammatoire, on utilise un ARN modifié par rapport à l’ARN original du virus (L’ARN est un enchainement de molécules chimiques créé à partir de 4 molécules appelés des bases ribonucléiques). L’ARN du virus synthétique est semblable à l’ARN du virus sauvage à l’exception d’une base qui est modifiée. Cette modification n’empêche pas la synthèse de la protéine S mais diminue la réponse inflammatoire déclenchée par un ARN viral naturel. Les composants d’un vaccin à ARN sont faciles à produire et à assembler. Le mode de conservation varie entre fabricants. Pfizer/Ntech ajoute du polyéthélineglycol (PEG) pour le conserver et ce n’est pas le cas pour le vaccin moderna. Ainsi, les personnes allergiques au PEG, vont déclencher une réaction au vaccin Pfizer. Ce type de vaccin permet d’augmenter la quantité injectée sans déclencher de réponses inflammatoires excessives. On peut accroitre de ce fait l’efficacité du vaccin.