Depuis les annonces ministérielles du 20 novembre dernier, les prises de positions s’élevant contre la “réforme” de la formation des enseignant·es et sa mise en oeuvre à la rentrée 2020 se multiplient sous la forme de déclarations, de motions et de votes émanant de différentes composantes universitaires (INSPE, UFR) d’une grande majorité des académies : Aix-Marseille, Amiens, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Créteil, Dijon, Grenoble, Lyon, Montpellier, Nantes, Orléans-Tours, Paris, Poitiers, Reims, Rennes, Rouen, Toulouse, Versailles...
Que disent tous ces textes rédigés par les acteurs et actrices concerné·es ?
• Ils montrent, par leur convergence et leur diversité, que l’absence de concertations sur le modèle, le choix des contenus et des modalités de stage aboutit à des impasses pour mettre en place une réelle articulation entre formation universitaire et pratique professionnelle.
• Ils soulignent l’impossibilité d’élaborer de nouvelles maquettes de master alors que les éléments communiqués sur les épreuves du futur concours (programmes, définition de la polyvalence, épreuve de contrôle de l’incarnation de valeurs par le/la candidat·e) et les modalités de l’alternance restent extrêmement flous et soulèvent des interrogations diverses qui rendent impossible le travail des équipes universitaires.
• Ils dénoncent la surcharge de travail qui serait imposée aux étudiant·es de M2 - entre master, préparation du concours et activité d’enseignement en responsabilité - et qui pourrait aboutir à une forme de maltraitance institutionnalisée.
• Ils refusent d’entériner un nouvel “allègement” des contenus de formation concernant tant les savoirs enseignés que l’ensemble des savoirs universitaires permettant de tirer profit d'une expérience de terrain (didactique, analyse des pratiques et des situations, sociologie de l'éducation, éthique professionnelle…) sans lesquels une expérience n'est qu'un vécu, non une ressource permettant la construction de compétences professionnelles.
• Ils s’inquiètent que soit proposée, à titre de « formation professionnelle », une expérience du terrain en pleine responsabilité dans les classes, avant même tout concours et sous statut de contractuel·les.
Dans cette situation alarmante, le 20 décembre 2019, le SNESUP-FSU, avec les autres organisations syndicales de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (Ferc sup-CGT, SNTRS-CGT, Sgen-CFDT, SNEP-FSU, SNPTES, Sud éducation, Sup’recherche UNSA) a adressé une Lettre ouverte au Président de la République ainsi qu’aux ministres de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (F. Vidal) et de l’Éducation nationale (J.-M. Blanquer) pour alerter de nouveau nos décideurs et décideuses.
Cette lettre (https://frama.link/daR0VAts) rappelle que de nombreuses motions et déclarations adoptées par des INSPE, d’autres UFR des universités, des organisations professionnelles, des sociétés savantes, des collectifs d’enseignant·es demandent le report de la mise en œuvre de la « réforme » de la formation des enseignant·es, et très souvent son retrait (les consulter ici :https://frama.link/BSAbuS0p).
Il est urgent que les ministères écoutent la colère et l’exaspération qui sourdent et se décident à réellement prendre en compte la parole de tou·tes les acteur/trice·s de la formation.
Car ce sont elles et eux qui sont sur le terrain ; ce sont elles et eux qui ont l’expertise de la formation des enseignant·es ; ce sont elles et eux qui, dans les équipes de recherche et de masters, peuvent définir les besoins des formé·es !