Déferlante de formations du privé dans le supérieur : une concurrence déloyale pour l’université
Communiqué de presse des sections départementales FSU 16, 79, 86
La FSU dénonce l’installation par dizaines d’écoles d’enseignement supérieur privé annoncées pour 2020 et 2021 à Angoulême (21 formations) et Niort (au moins 16), conséquence d’un démarchage du Conseil Départemental de la Charente et de l’Agglomération niortaise. Dans un article de Ouest France du 21/10/2019, le Recteur de l’Université Catholique de l’Ouest explique ainsi avoir été sollicité pour l’ouverture de formations par le maire et président de l’agglomération niortaise.
La FSU alerte les étudiants et les familles, les acteurs de la communauté éducative et universitaire, sur le fait que plusieurs de ces écoles partagent les mêmes secteurs de formation que celles des antennes délocalisées de l’Université de Poitiers présentes dans ces deux communes, notamment les IUT, autour de la communication, du numérique, du marketing, du multimédia, de l’informatique, de la gestion. Cela fragilise l’offre de formation du service public d’enseignement supérieur, menace son existence et par la même réduit le champ des possibles pour les étudiant.e.s d’origine modeste en hypothéquant la capacité de ce même service public d’enseignement supérieur à les faire réussir. Les étudiant.e.s de l’IUT issu.e.s du territoire sont ainsi 42% à Angoulême dont 40% de boursiers et 50% à Niort dont 35% de boursiers. Si l’on peut se réjouir de l’arrivée de jeunes gens dans des villes qui perdent des habitants, doit-on se réjouir que ce soit souvent dans des formations payantes (de 5 700 à 16 000 euros par an à Angoulême) ?
Le tissu économique local arrive à saturation pour nombre de ces formations. Le risque est grand qu'à court terme les étudiant.e.s de l’université et des BTS se retrouvent sans pouvoir faire le stage et/ou le contrat en alternance nécessaires à leur diplomation. Les politiques locales actuelles instaurent une concurrence déloyale : les frais d’inscription de l’enseignement supérieur privé, qui profite souvent de l'angoisse des familles à l'égard de parcoursup, lui permettent d’avoir de meilleures infrastructures, des enseignements consacrés à la recherche de stages, mais pas de meilleurs enseignants (souvent vacataires). Plusieurs écoles prévues sur Angoulême font d'ailleurs l'objet d'enquêtes montrant leur absence de fiabilité (Supinfo, école 42). Ce que l’on paye – parfois en s’endettant – dans une formation privée, c’est aussi un carnet d’adresses, un réseau, qui devient dès lors inaccessible aux étudiant.e.s de l’université publique et des BTS. La FSU interroge par ailleurs le risque de conflit d'intérêt lorsque des élus locaux siègent aussi dans des instances de l’université ou y exercent des fonctions, ce qui leur donne accès à des informations privilégiées alors qu’ils sont explicitement favorables à l’ouverture de nouvelles formations privées.
La FSU dénonce cette politique de développement de l’enseignement supérieur privé sans aucune concertation, qui fragilise le service public d’enseignement supérieur et par conséquence réduit les possibilités d'accès aux études supérieures pour les étudiant.e.s d’origine modeste.
Elle rappelle aux élus locaux la nécessité d’avoir une approche globale de la vie étudiante (logement, restauration, transports, activités de vie étudiante), encore largement sous dotée.
Elle exige qu’aucune subvention publique ne soit attribuée pour l’ouverture de formations privées payantes, sous quelque forme que ce soit (réhabilitation de locaux, mise à disposition de personnel ou de matériel par les contributeurs publics).
La FSU réaffirme son attachement à un service public de l’ESR, gratuit, laïque et de haut niveau au service de toutes et tous et exige des financements à hauteur des besoins.