Déclaration commune des assises de Nanterre du 15 juin 2018
sur l'enseignement de la philosophie en lycée et à l'université
Si la composante syndicale de ces assises demande le retrait pur et simple des réformes [chapitre 1] en ce qu’elles représentent un danger pour l’enseignement de la philosophie [chapitre 2], nous* demandons que soient entendues les revendications énoncées ci- dessous [chapitre 3] et faisons les contre-propositions suivantes [chapitre 4]. [*selon nos champs de représentativité respectifs et selon nos mandats]
Chapitre 1 : la demande préalable des OS
Les organisations syndicales présentes (CGT Educ’action, SNES-FSU, SNESUP-FSU, SNFOLC, SUD Education), constatant que les réformes dites Vidal-Blanquer ( accès à l’enseignement supérieur, baccalauréat et lycée ) font système, demandent leur retrait. Elles appellent à l’ouverture de véritables discussions sur ces différents points, obéissant à un calendrier compatible avec la prise en compte sincère des propositions des différentes parties prenantes.
Chapitre 2 : une mise en danger de l'enseignement de la philosophie
4 dégradations immédiates : 1) l’alourdissement prévisible des effectifs dans les classes de tronc commun du lycée Blanquer (suite à la suppression des séries générales), 2) un enseignement approfondi de la philosophie marginalisé à travers la spécialité « humanité, littérature et philosophie » (faute d'être financé à hauteur de l'horaire annoncé, la réforme du lycée se faisant à moyens constants) , 3) l’absence de dédoublements en séries technologiques aggravant la situation laissée par la réforme Chatel, 4) une mise en concurrence universelle (entre les lycées, les personnels et les disciplines…).
les effets néfastes de parcoursup (associé à la réforme du baccalauréat et du lycée), quant à l'orientation des étudiants vers les départements de sciences humaines (dont le département de philosophie), alors que la philosophie au lycée sera pour le plus grand nombre, cantonnée à un enseignement de 4h (suite à la disparition de la série L dont provient plus de la moitié des étudiant en philosophie).
la mise en danger des départements de philosophie des petites et moyennes universités, dont la survie sera subordonnée par la loi ORE (et son amendement Grosperrin) à une obligation d’insertion sur le marché du travail. Mais aussi, le risque de voir l’enseignement de la philosophie dans le supérieur, hormis quelques îlots d’excellence préservés dans de grosses structures, se réduire au rang d’enseignement supplétif adossé à des formations autres que philosophiques.
la mise en concurrence des universités, logique inscrite depuis le début des années 2000 dans la stratégie dite « de Lisbonne », relayée par la réforme LRU de 2007 et 2013 et dont la sélection à l'entrée de l’université n’est qu’une conséquence (en attendant la libéralisation des frais d’inscriptions sur le modèle anglo-saxon).
Chapitre 3 : des revendications communes * !
[*certaines organisations syndicales ne sont pas mandatées sur les points qui suivent, le temps nous a donc manqué pour aboutir à un texte commun au-delà des chapitres 1 et 2. Aussi, les chapitres 3 et 4 n’engagent pas la FNEC FP-FO ni la CGT éduc’action qui ne souhaitent d’aucune façon, laisser entendre qu’elles valident ou aménagent la réforme Blanquer. Par ailleurs, SUD éducation ne s’engage pas sur le chapitre 4]
Nous rappelons que l’enseignement de la philosophie, suppose un cadre scolaire (lycée, université) où la laïcité et le libre usage de la raison font loi et donc, sont garantis par la loi. Cette garantie passe par un financement public et par la défense du statut de la fonction publique, autant de points menacés par ce qu’on nous présente aujourd’hui, comme des réformes censées protéger ce qu’elles détruiront à coup sûr, si nous ne faisons rien.
Ces assises réaffirment donc leur volonté de rendre « la philosophie populaire », projet émancipateur indissociable de la défense d’un service public d’éducation ambitieux.