Décès de Jean-Baptiste Marcellesi
Né 12 avril 1930 à Porto-Vecchio (Corse), mort le 1er octobre 2019 à Nans-les-Pins (Var) ; professeur d’Université ; fondateur de la socio-linguistique en France ; militant syndicaliste ; militant communiste.
C’est avec une grande émotion que nous avons appris la disparition de Jean-Baptiste.
Jean-Baptiste Marcellesi était un pionnier et un animateur hors pair dans toutes ses entreprises. Il fut un universitaire au sens plein du terme, enseignent, chercheur et également engagé dans la défense et la promotion d’un enseignement supérieur public, accessible à tous quelle que soit l’origine sociale ou ethnique. Lycéen, normalien, professeur de lycée, assistant puis professeur d’université et directeur de laboratoire : il aura toujours été brillant professionnellement et dans le même temps également militant, militant syndical notamment. Il sera même responsable académique du SNESUP au début des années 80 et candidat à la présidence de l’Université au nom de l’Intersyndicale mais battu par un candidat de la « Fabius-erie » dominante à Rouen à cette époque. C’était une personnalité reconnue et respectée.
Arrivé au début des années 70 dans la jeune université de Rouen, il va être de ceux qui contribuent à son développement. Il monte et développe avec notamment ses collègues Louis Guespin et Bernard Gardin, le laboratoire de linguistique qui va très vite devenir un des fleurons de l’UFR des Lettres et Sciences humaines, être associé au CNRS et contribuer au rayonnement international de Rouen comme de notre université française en général . Les partenariats concernent tous les continents. IL construit la première convention de partenariat avec le Viet-Nam. Parmi les anciens du laboratoire on trouve des dirigeants actuels de ce pays. Son laboratoire qui a porté haut la cause de la socio-linguistique en France comprend maintenant 21 enseignants- chercheurs titulaires, autant d’associés … et attend toujours un poste d’ingénieur !
Ceci montre la capacité de Jean-Baptiste de conjuguer le général et le particulier, l’internationalisme et le régionalisme, l’activité officielle et le militantisme tout ceci dans une grande cohérence bâtie sur des analyses justes et vérifiées, sur des réflexions et des convictions profondes et compatibles avec le dialogue, le compromis et le rassemblement.
Le mot régionalisme fait référence à sa défense des langues régionales, des langues maternelles en général, fort éloignée du repli sur soi et du conservatisme mais au contraire tournée vers le développement personnel, l’émancipation humaine. C’est aussi pour introduire ici sa chère Corse, avec ses partisans qui contribuèrent à chasser les occupants nazis dès la fin 43 et ses paysages époustouflants qu’il me fit découvrir en partant d’Ospedale, de la maison de famille au-dessus de Porto-Vecchio.
Nous sommes très nombreux à regretter J.B., homme fidèle, chaleureux et disponible.
Nous pensons à Christiane et aux enfants.
Je remercie les collègues et camarades Claude Mazauric, historien, ancien professeur à Rouen, ancien Secrétaire général du SNESP et Foued Laroussi, actuel directeur du laboratoire de linguistique qui m’ont aidé à écrire cet hommage.
Jean-Paul Lainé