Le 19 novembre, deux textes devraient être présentés au CNESER. Ils rendent obligatoires pour obtenir une licence, un DUT ou un BTS, une certification externe d’anglais, « reconnue au niveau international et par le monde socio-économique », ouvrant aux opérateurs privés du réseau ALTE (Association des centres d’évaluation en langue et en Europe[1]) de nouveaux marchés de plusieurs millions d’euros.
Ce choix suppose, à l’heure où l’on promeut les « parcours personnalisés de formation » des étudiant.es, que tous et toutes n’auraient pas d’autre priorité que l’anglais. Au même moment, les universités européennes ont parmi leur mandat la diversité linguistique ; au même moment, une prise de conscience s’opère des effets négatifs du « tout anglais », et de l’importance du multilinguisme dans les échanges et dans le monde du travail. Mais qu’importe. Ce sera l’anglais pour tous et toutes, obligatoire !
Ces certifications, il faudrait y préparer d’ici 2023 la totalité des étudiant.es. Les équipes de LANSAD[2] (Langues pour spécialistes d’autres disciplines) n’en auront pas toutes, on le sait déjà, les moyens. Certes, l’arrêté permettrait aux étudiant.es de continuer à choisir leur langue vivante en licence et d’en obtenir une certification – non définie. Soit les étudiant.es se focaliseront sur l’anglais, soit ils/elles choisiront une autre langue et se perfectionneront en anglais en plus et autrement, en vue de la certification obligatoire.
Les équipes pédagogiques, quant à elles, deviennent des prestataires de service assurant le bachotage de certifications standardisées, alors que la recherche publique a produit, avec le soutien du MESRI lui-même, des certifications innovantes et performantes, comme le Cles aujourd’hui membre du réseau européen NULTE (Network of University Language Testers in Europe) et de plus en plus reconnu par le monde socio-économique.
Comme le second degré, voilà l’enseignement supérieur soumis à la nouvelle logique de l’enseignement des langues : moins d’encadrement, une forte part d’autodidaxie qui creuse les inégalités sociales, et des opérateurs privés pour assurer la certification des compétences, muée en finalité ultime.
Ici un lien vers la Pétition contre la mise en place d’une passation d’une certification en langue anglaise