Par Anne Roger, secrétaire nationale du SNESUP-FSU
Journée de mobilisation internationale en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, le 8 mars permet de faire le point sur le traitement réservé aux femmes à travers le monde. Inscrivez-vous rapidement à l'initiative spéciale 8 mars de la FSU (voir programme ci-dessous) auprès de : [email protected]
Depuis l’automne, autour de « l’affaire Weinstein » et de la mise en place du hashtag #MeToo, on assiste à une diffusion et une médiatisation sans précédent des paroles de femmes victimes de violence. Signe d’une libération à l’oeuvre, cette parole trouve ses opposantes en celles qui assimilent le féminisme à une « haine des hommes et de la sexualité » etpour qui une femme victime d’agressions sexuelles ne devrait pas « se sentir traumatisée à jamais »(1). Ainsi, se battre pour le droit des femmes serait finalement empêcher la Terre de tourner en paix. Être féministe serait en quelque sorte ajouter de l’agressivité dans un monde qui en serait déjà saturé. Plus que jamais, il convient de lutter contre cette dangereuse percée qui ne sert finalement qu’à légitimer le maintien de l’ordre établi et de la domination masculine.
DES STATISTIQUES ÉLOQUENTES
Les dernières statistiques publiées il y a quelques jours par le ministère de l’Intérieur sont éloquentes. En 2017, on note une augmentation de 12 % des plaintes pour viol par rapport à l’an dernier et de 10 % pour les agressions sexuelles. De toute évidence, « l’affaire Weinstein » a amené davantage de victimes à déposer plainte, même pour des faits anciens. L’augmentation est en effet très nette sur les trois derniers mois de 2017 avec une hausse de 31,5 % ! Plusieurs enquêtes montrent que les violences sexuelles se développent également dans les établissements du supérieur. Qu’il s’agisse de l’enquête « Violences et rapports de genre » (Virage) publiée en janvier 2017, de l’enquête menée par l’université de Lorraine sur la perception des discriminations et des violences sexuelles (dont les résultats ont été diffusés en décembre), ou encore de l’enquête « Sexualité, sécurité et interactions en milieu universitaire » (Essimu) menée en 2017 à l’université du Québec à Montréal et dévoilée en novembre, toutes font état de la réalité quotidienne des violences dans l’enseignement supérieur (voir page suivante).
L’organisation par le ministère de l’ESR d’une journée, le 4 décembre 2017, consacrée aux « Violences sexistes et sexuelles dans l’ESR – De la prise de conscience à la prise en charge », est le signe de l’urgence d’avancer sur cette question. Mais au-delà de la déclaration d’intention, l’attribution de moyens ambitieux et à la hauteur de la gravité de la situation s’impose. Non seulement la mise en place des cellules d’écoute au sein des universités doit se poursuivre (une vingtaine était décomptée en décembre), mais les universités doivent se doter d’outils de diagnostic, de lutte et de prévention sérieux.
PERMANENCE DU PLAFOND DE VERRE
Des violences sexistes symboliques et matérielles sont à l’oeuvre dans l’édification du plafond de verre qui impacte les carrières des enseignantes et des enseignantes-chercheuses. Les femmes deviennent plus difficilement professeures des universités que les hommes (elles ne sont que 22 % de PU selon la DGRH – statistiques 2013 – alors qu’elles sont 43 % parmi les MCU) et les enseignantes du second degré passent moins facilement à la hors-classe que leurs homologues masculins.
La parité n’existe toujours pas dans les diverses instances des établissements universitaires malgré la loi ESR de 2013 qui l’impose dans les divers scrutins. Quatre femmes seulement sur 32 postes possibles ont accédé à la présidence d’une université en 2016. Les femmes, pourtant majoritaires parmi les étudiant.e.s, disparaissent toujours plus lorsque l’on monte dans les niveaux de responsabilités, a fortiori dans le secteur des sciences et technologies. Cette absence de modèle est problématique. Elle contribue au renforcement des stéréotypes en matière d’orientation scolaire et universitaire et renforce les déséquilibres sexués constatés dans certaines filières scientifiques. L’analyse des discours permet également de mettre en lumière des frustrations et un sentiment d’injustice évoqués par les femmes(2).
Ce 8 mars doit servir encore et toujours à rappeler que des millions de femmes souffrent aujourd’hui des inégalités entre les hommes et les femmes et que ces inégalités se déclinent dans des secteurs multiples : santé, orientations et carrières professionnelles, droit à disposer de son propre corps, salaires, retraites, temps libre, culture, etc. Nous devons en faire une journée de mobilisation pour les droits des femmes et un levier d’émancipation pour toutes et tous. Le SNESUP-FSU y prendra toute sa place.
(1) Tribune signée par 100 femmes dont CatherineDeneuve, intitulée « Nous défendons uneliberté d’importuner, indispensable à la libertésexuelle » et publiée par Le Monde le 9/1/18.
(2) Voir le 4 pages spécial 8 mars du SNESUP publié en février 2017 : www.snesup.fr/sites/default/files/fichier/supplement_4_pages_droit_des_femmes_-_fevrier_2017.pdf ; l’article de Carole Drucker-Godard et al., « Enseignantchercheur au féminin : la place des femmes dans les universités », in Recherches en sciences de gestion 2017/1 (n° 118), p. 125-145 ; et le dossier rédigé par Dominique Faudot en ligne à l’adresse suivante : www.snesup.fr/article/lescarrieres- des-enseignantes-chercheuses-dansle....
Inscrivez-vous rapidement pour la journée du 8 mars auprès de : [email protected]