Le CA de l'université a validé mardi 11/05 les projets de masters "enseignement", sous réserve pourrait-on dire
"Le CA de l'UR mandate le président afin d'oeuvrer pour une prise de position commune de l'ensemble des universités, qui continue à faire obstacle collectivement à la mise en place de cette reforme unanimement contestée et de travailler à des propositions alternatives.
Pierre-Emmanuel Berche, co-animateur des sections FSU de
Seul le CE de l'IUFM a validé par un vote le projet de maquette de master pour le concours PE le 21 avril.
Le CEVU du 4 mai a examiné les maquettes suivantes (sans vote) :
Pour ce qui concerne l'UFR de Sciences, son conseil de gestion a examiné lundi 3 mai le projet de master Mention Enseignement, Formation et Culture Scientifique (spé SVT, Maths, Physique-Chimie). Le vote sur ce projet a donné 5 pour, 5 contre et 10 abstentions, ce qui montre bien l'embarras des collègues.
L'examen des maquettes est à nouveau à l'ordre du jour des CEVU et CA du 11 mai.
Le communiqué ci-dessous a été lu pour les réunions des différents conseils devant examiner les projets de maquettes.
Pierre-Emmanuel Berche, co-animateur des sections FSU de l'université de Rouen
Un grand nombre d'universitaires se sont mobilisés l'an dernier pour dénoncer, en particulier, la mise en oeuvre de la mastérisation de la formation des enseignants. Si un report d'un an - pour un certain nombre de dispositions - a été obtenu, l'essentiel des objections et critiques demeure. La mise en application de ce projet, dont on perçoit maintenant l'ensemble des conséquences désastreuses, réunit aujourd'hui la quasi-unanimité de la communauté éducative contre elle : présidents d'université, directeurs d'IUFM, conseils d'université, syndicats d'enseignants et d'étudiants, sociétés savantes et associations de spécialistes, fédérations de parents d'élèves et jusqu'à des syndicats de personnels de direction d'établissements du 2nd degré et d'inspecteurs d'académie.
Cette année, certaines dispositions de cette réforme ont commencé à être mises en oeuvre : « stages 108H » en responsabilité proposés aux étudiants non formés inscrits aux concours (PE, PLC, PLP, CPE), recours accru aux étudiants ou aux retraités pour effectuer des remplacements en lieu et place des personnels titulaires remplaçants, aujourd'hui en nombre insuffisant dans la plupart des académies en raison de la suppression massive de postes dans l'éducation nationale (50 000 postes supprimés depuis 2007, 30 000 suppressions supplémentaires prévues jusqu'en 2012).
Enfin, c'est aujourd'hui sur les conditions de la rentrée 2010 que se focalise l'attention, avec l'affectation prévue des futurs lauréats du concours 2010 à temps plein dans les établissements scolaires, leur formation professionnelle étant renvoyée à leur temps libre ou à quelques périodes de formation pendant lesquelles ils seront remplacés ... par des stagiaires non formés ! Les syndicats d'enseignants du 1er et du 2nd degré engagent à ce sujet, avec le soutien des fédérations de parents d'élèves, une mobilisation pour tenter d'éviter l'irréparable et les situations de crise dans des milliers d'établissements scolaires à la rentrée prochaine.
Dans les universités, on nous demande aujourd'hui de faire ce que nous avons collectivement refusé l'an dernier : concevoir des maquettes ou des parcours de master, nécessaires, pour permettre à nos étudiants de passer les concours de recrutement pour devenir enseignants. Quelle que soit notre opinion personnelle sur le sujet - partisan du refus de modifier notre « offre de formation » actuelle ou favorable à un travail de conception de maquettes -, nous partageons (presque) tous la même analyse : ce projet aura d'abord pour conséquence de mettre en péril à moyen terme la place des concours nationaux de recrutement des enseignants et, surtout, les garanties statutaires qui les accompagnent, au profit d'un accroissement de la place des contractuels dans les équipes enseignantes. Par ailleurs, ce projet est fondamentalement incompatible avec les objectifs qu'il se donne : améliorer la formation des enseignants, tant disciplinaire que professionnelle, mettre en contact les futurs enseignants avec le milieu de la recherche et permettre ainsi une poursuite d'études en doctorat, offrir dans un cursus de master de qualité une orientation autre que celles de l'enseignement primaire ou secondaire. En ce qui concerne la légitime revalorisation de la condition du métier d'enseignant, les propositions annoncées constituent une régression pour les futurs enseignants.
A l'ensemble de ces critiques de fond s'ajoutent certaines considérations techniques qui rendent le projet globalement insensé. Ainsi, le calendrier des concours (écrits des concours PE fin septembre, CAPES fin novembre, agrégation en avril) induit de fait que les concours de la session 2010-2011 seront pour l'essentiel réservés aux redoublants de la session 2009-2010 car qui peut raisonnablement penser que l'on peut préparer les écrits de ces concours en 2 mois ou moins ? Cette question du calendrier pose également le problème, au-delà de la seule année prochaine, du devenir des étudiants non admissibles aux concours qui devront, selon les dires du ministère, pouvoir se réorienter en cours de M2. Existe-t-il dans le paysage universitaire une seule autre formation de niveau master qui concentre autant de difficultés, qui réunisse autant de contraintes inconciliables ? Chacun sait bien que la réponse est négative et que dès lors, l'enjeu premier de la réforme n'est pas le contenu de la formation, qui d'ailleurs ne sera pas véritablement évalué contrairement à tous les autres masters, mais son existence même, avec pour finalité, à moyen terme, de rendre obsolète le concours de recrutement.
Face à cette situation, sommes nous totalement démunis ? Certainement pas et l'on sait qu'aucune université en France n'envisage avec optimisme l'hypothèse de la remontée des maquettes. Les universitaires conservent leur libre arbitre quant à leur éventuelle participation à ce projet. Ce que l'on peut raisonnablement supposer, c'est que si la réforme était, pour une raison ou pour une autre, bloquée encore une année supplémentaire, elle ne verrait vraisemblablement pas le jour sous sa forme actuelle compte tenu du contexte politique.
Nous invitons les élu-e-s dans les différents conseils à réfléchir à leur responsabilité à cette étape cruciale du processus de mastérisation.
Nous les invitons en particulier à donner pour mandat au président de notre université, représentant de l'ensemble de notre collectif universitaire, d'œuvrer pour une prise de position commune de l'ensemble des universités dans le sens d'un refus de transmettre les projets de maquettes au ministère et de faire ainsi obstacle collectivement à la mise en place de cette réforme unanimement contestée. Ce refus collectif devra s'accompagner d'une demande de maintien pour les lauréats des concours 2010 d'une année de formation sur le modèle de l'existant, du maintien des moyens pécuniaires aux formations existantes pour assurer cette formation et d'un report des concours de la prochaine année universitaire au printemps 2011. Sous cette forme, notre souhait est simplement de permettre à l'ensemble des acteurs de l'université d'être en cohérence avec leurs analyses et prises de positions passées et d'éviter, dans la précipitation et l'improvisation la plus totale, une très grave dégradation de notre système éducatif.
11 mai 2010
puisqu'il a dans le même temps voté la motion suivante, proposée par la FSU :
Sous cette forme, notre souhait est de permettre à l'ensemble des acteurs de l'université d'être en cohérence avec leurs analyses et prises de positions passées et d'éviter, dans la précipitation et l'improvisation la plus totale, une très grave dégradation de notre système éducatif."
l'université de Rouen
6 mai 2010
Communiqué FSU / Université de Rouen - avril 2010
Mastérisation de la formation des enseignants : ne pas hypothéquer l'avenir !
Académie de Rouen
Publié le : 17/05/2010